Par la main des mères,
Soyez maudits ! Vous qui broyez des terres
Avec les maigres mains d’une enfant devenues jachère,
Par la cupidité des hommes, l’innocence s’achète pas chère ;
Chaque fois qu’elle sort un beau matin, pour creuser les pommes-de-terres ;
Elle examine sa paume sous la lumière d’une aube éphémère,
Par là une ride, par ci une brèche ; montrant les doigts à l’horizon lugubre,
Des pleurs éraflent sa joue asséchée par le soleil jusqu’à la fibre
Par la main des mères qui vous ont fait libres,
Vous daignez encore saper ce pied comme un arbre ?
Et écrire, par vos maux, sur ce visage de marbre,
Toutes vos duretés et vos manies macabres ;
Elle porte des outils plus longs que sa taille ;
Sur son dos, sur son épaule et dans sa poche, chargée qu’elle s’en aille,
A peine les animaux se réveillent ,
Qu’elle marche déjà sur son légume que tout l’hiver s’y veille ;
Elle court sur le chemin de Chlorophylle, des lignes
Qu’elle-même empreinte chaque jour un peu comme des signes
De son destin qu’elle voit venir, mérité et digne
Qu’on la croit qui jardine
Chaque hiver elle pleure pour que son printemps dine,
Ainsi se nourrit-elle, des carences, une âme des plus sourdine