Etre et avoir
Nés d’une même expression
Chaque jour ils se font pression
Pour que leurs mérites se font savoir ;
Depuis qu’Etre se fait naitre
Avoir essayait de le déposséder
De son orgueil, qu’il n’aurait jamais cédé
Qu’au seul prix du Bonheur à lui reconnaitre
Les deux frères, chaque jour, se font des distances,
Chaque chose qu’Avoir vantait
Chaque idée qu’Etre inventait,
Les deux rivaux se font deux existences
Les auxiliaires qui se disputent
Tous les verbes et toutes les verves,
Et par quoi les héritiers se servent,
Pour déposséder une pensée qui se discute
Un jour rencontré dans une idée étrange
Quand Etre avait, c’est la prospérité entravée
Quand avait serait, c’est à travers
Toutes les fortunes qui, pour l’humanité, rongent
Quoiqu’on y fasse pour les rallier
On se rend compte que ce n’est qu’un leurre
Nombre de fois, ensemble, ils ont conçu des malheurs
Aucun compromis ne saura les lier ;
Par toutes les lois et par toutes les sciences,
Par toutes les sagesses et les affluences
Vous croyez avoir de l’influence
Sur ces déchainés, en avez-vous conscience ?
Choisissez votre allié, soyez l’ouaille
D’un de ces tyrans, tendez le cou à sa corde
Pour qu’entre vous une liaison s’accorde,
Oui, vous serez juste l’esclave de cette retrouvaille ;